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Quand quatre légendes vivantes se rencontrent, que peuvent-elles bien faire ? La belote, c'est ennuyeux, les Pog, c'est dépassé, le foot à quatre, ce n'est pas marrant, et plus personne ne s'intéresse au tricot... Au final, légendes ou pas, cela ne mène pas bien loin... Mais supposons maintenant que les légendes en question soient messieurs Sakaguchi (créateur de Final Fantasy), Hori (papa de Dragon Quest), Uematsu (compositeur attitré des Final Fantasy), et Toriyama (designer des Dragon Quest et auteur de Dragon Ball). Logiquement, en réunissant de telles personnes, on obtient un jeu anthologique... Eh bien non, mieux que ça ! On obtient carrément Chrono Trigger. Désormais disponible contre 900 points en téléchargement sur Wii.
Un autre temps, une autre époque
Aaaah, qu'elle était belle cette année 1995... Alors que nous nous remettions encore péniblement de Final Fantasy VI, un certain Chrono Trigger devait faire ses premiers pas sur une Super Famicom en fin de vie grâce à la collaboration des plus grands noms du RPG japonais. En compagnie de Lucca, Marle, Frog ou Robo (une amie d'enfance, une princesse, un chevalier grenouille et un... robot), il allait vivre une aventure passionnante mêlant passé, présent et futur. En effet, comme son nom peut le laisser supposer, Chrono Trigger nous propose de nous la jouer Marty Mac Fly en surfant d'une époque à une autre afin de résoudre des conflicts plus ou moins importants. Le voyage temporel est un genre rarement utilisé dans le RPG, et force est de constater qu'il est ici parfaitement maîtrisé. Nos pérégrinations temporelles se font de la plus naturelle des manières, tissant peu à peu un scénario toujours plus passionnant et surprenant, atteingnant en fin de partie des sommets rarement égalés.
Si l'on n'échappe pas aux clichés du genre en début de partie, ils ne tardent pas à être totalement balayés, grâce notamment à quelques rebondissements de derrière les fagots faisant fi de toute règle établie et donnant un méchant coup de pied aux fesses d'un certain monsieur Manichéisme (aaaah, Magus...). On reste donc scotché au pad d'un bout à l'autre de l'aventure, tiraillé entre un déroulement dénué de toute baisse de régime ou d'incohérence, un nombre affolant de scènes cultes (le tribunal de Guardia, le château de Magus...) ou encore une flopée de personnages tous plus marquants les uns que les autres.
Toujours aussi frais
Oui, Chrono Trigger est une vraie bouffée d'air frais pour le petit monde du RPG de 1995, et c'est toujours le cas, maintenant en téléchargement sur Wii. Alors que certains homologues commencent à répéter sérieusement les mêmes sytèmes de jeu, ce soft débarque avec de nombreuses nouvelles idées du meilleur goût, dont certaines finiront par devenir de nouveaux standars. Pour commencer, si la base du système de combat n'est autre que le célèbre ATB tiré des Final Fantasy, la transition entre l'écran d'exploration et les affrontements est bien plus originale, puisque les rencontres aléatoires disparaissent totalement. En milieu hostile, les ennemis sont visibles à l'écran, et il suffit de s'en approcher pour qu'ils se mettent en place et entament les hostilités, sans aucune coupure ou transition.
Les barres d'ATB et les menus s'affichent immédiatement, les héros dégainent leurs armes, et c'est parti. Les actions disponibles restent dans l'ensemble assez classiques (attaquer, objets, fuite...), mais la présence d'attaques spéciales bien particulières vient rapidement changer la donne. Chaque personnage en apprend au fur et à mesure de l'expérience accumulée et selon son affinité élémentaire (Chrono possède de grandes prédispositions à manier la foudre, Lucca se débrouille très bien avec le feu...) ; il peut ensuite les employer en combat en échange de quelques MP. Leur véritable intérêt vient de leur possibilité d'être combinées : si les deux ou trois protagonistes possèdent les bonnes techniques, ils peuvent les utiliser simultanément pour en réaliser de nouvelles, souvent terriblement destructrices. Ce système totalement novateur à l'époque de la sortie du jeu, permet tout de même de porter le nombre d'attaques spéciales différentes à 146, ce qui représente un très beau chiffre, même de nos jours. Et histoire d'enfoncer encore le clou déjà bien martelé par des combats aussi riches que prenant, Chrono Trigger se paye le luxe d'introduire un nouveau concept dans le milieu du RPG, redéfinissant à lui seul la notion de "replay value" : le "New Game +".
Une fois l'aventure achevée, il est possible de la recommencer en conservant toutes les statistiques et les objets accumulés lors du premier passage. Cela aurait pu être relativement inutile si le jeu, en plus d'être truffé de sous-quêtes, n'avait pas proposé non moins de treize fins différentes, déterminées par des choix effectués tout au long de la partie ! Quand on sait que ces fins possèdent en outre plusieurs déclinaisons chacune, dépendant de conditions bien précises pouvant être mêlées (la conséquence d'un scénario ultra-riche et complet)... Et si l'on considère en plus de la durée de vie initiale du soft, déjà bien conséquente, on atteint rapidement un nombre d'heures plus que convaincant, ayant de quoi allécher une horde de joueurs en quête de temps à tuer. En clair, Chrono Trigger nous permet non seulement de prendre un pied monstrueux, mais aussi et surtout de le conserver de longues heures durant.
Un téléchargement qui vaut le coup
Concept intéressant, scénario de malade, gameplay au poil... Il serait dommage de voir tout cela gâché par des graphismes médiocres et/ou des musiques barbantes. Heureusement, la présence de Square et Toriyama d'un côté, d'Uematsu et Mitsuda de l'autre permet encore à notre époque permet d'éviter ce genre de petits désagréments, allant même jusqu'à faire de gros points forts. Graphiquement, le jeu reste une véritable merveille (même si son remake sur DS reste la plus belle). La Super Famicom avait cracher ses dernières ressources, et le retrouver en 2011 sur Wii, nous permet de voir toutes les ressources dans les décors, fins et incroyablement détaillés, ou dans les sprites de monstres ou de personnages, animés en permanence et en toute fluidité. Les effets en vogue à l'époque sont bien évidemment présent aussi sur Wii, et on mange donc de la distorsion, du Mode 7 ou du brouillard à ne plus savoir qu'en faire. La patte Toriyama se fait de son côté grandement ressentir (ne serait-ce que dans la coiffure du héros), et c'est toujours un plaisir que de retrouver son univers si caractéristique, dans lequel les protagonistes sont aussi classe et sympathiques que les monstres sont rigolos (pour la plupart... Certains restant tout de même assez effrayants).
On notera aussi l'excellent travail artistique effectué sur les décors et leur grande capacité à nous mettre immédiatement dans l'ambiance des diverses époques visitées dans le jeu. Au-delà de leur réalisation impeccable. Ces environnements sont capables encore aujourd'hui de nous laisser pantois devant leur beauté pure (aaah, le château de Magus, le royaume de Zeal ou le pont de Zenan et son coucher de soleil magnifique... Comment les oublier ?). Ce ravissement rétinien de tous les instants se trouve de plus sublimé par une bande-son irréprochable, se hissant sans aucun problème au rang des plus grandes que le RPG nous ait offertes. Uematsu fait des ravages, et l'on sent déjà le style de Mitsuda se profiler, pour notre plus grand plaisir (avant d'exploser sur Chrono Cross ou Xenogears). Chaque époque, chaque événement ou chaque personnage possède son thème lui collant parfaitement. Les inspirations sont diverses, et l'épique ou l'apocalyptique côtoient le festif et le larmoyant sans aucun problème. Au sein de ce patchwork, je note la présence de vraies pistes d'exception, comme celle du combat contre Magus, le thème de Frog ou celui des boss... De véritables perles que je ne suis pas près d'oublier et dont je suis content de les retrouver sur ma Wii. Cette qualité sonore et graphique (même en 2011 et malgré l'excellente version sur DS), à à l'heure de l'orchestral et de la 3D, cette version 16 bits retranscrit sur la Wii, parvient sans aucun mal à nous ravir, amputant les personnages de mauvaise volonté de l'argument irritant du "Ouais, mais le jeu est en anglais, et sur DS il est en français". Certes, mais tout le monde n'a pas forcément une DS... Si vous avez une Wii, pour 900 points vous pouvez télécharger l'un des meilleurs RPG de 1995 pour votre console.
Ah, qu'il est dur de donner une note à ce jeu, surtout datant de 1995. Mais il faut comprendre que des RPG de cet acabit se comptent sur les doigts d'une moignon, et passer à côté serait plus que dommage. Surtout si vous n'avez pas de DS pour jouer avec le remake et les textes en français. Mais bon, parfois, la vie c'est simple comme un coup de fil... il "suffit" de réunir les bonnes personnes au bon moment pour que l'alchimie se fasse naturellement. Que faire, donc, lorsque quatre légendes vivantes se rencontrent ? Prier pour qu'elles ne s'intéressent ni à la belote, ni aux Pog, ni au foot, ni au tricot tout simplement.
Conclusion :
Un RPG merveilleux, annonçant la fin de la Super Famicom maintenant disponible en téléchargement avec brio sur Wii. Riche, fun et beau (à condition que comme moi d'aimer le style de l'époque 16 bits), et surtout un jeu très long. Ce soft a tout pour plaire, et Chrono et ses amis n'ont pas fini de nous faire rêver. A faire d'urgence, pour saisir la véritable ampleur du soft.
Note de la rédaction : 17/20